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Formes d’esprit naïves
Parmi les styles d’expression qui ont pu être appréciés au début du XXe siècle, l’art naïf fait figure d’un vrai genre poétique à part entière, initié en particulier par Apollinaire et le Douanier Rousseau, et certainement plus accessible à tous que l’orphisme du couple Delaunay. Dans cette démarche artistique, les formes naïves se sont sensiblement développées à partir des représentations de la Nature,telles qu’elles apparaissaient aussi à Bernardin de Saint Pierre dans « Paul et Virginie », puis Chateaubriand dans « Atala ».

La démarche d’esprit poétique porte l’accent sur des aspects de formes, de façon à obtenir la traduction d’une ambiance qui permet l’ouverture à des questions de fond, plutôt que des aspects de conformité stricte qui pourraient nuire à cette ouverture artistique. L’illustration en est la transformation suivante d’un petit paysage, dont l’ouverture naïve réside simplement dans l’invitation à une promenade maritime.
Des formes d’esprit, par exemple celle d’une invitation à la promenade maritime, peuvent s’envisager de toutes sortes de manières, qui seraient par exemple celle d’envoyer autrui se faire balader, ou celle d’une honnête proposition à profiter d’une vue d'un espace de verdure, etc… Dans l’art naïf, des priorités sont mises sur des manières où les formes d’intentions agressives sont ostensiblement absentes : quand il y aurait de l’agressivité, celle-ci ne serait simplement pas intentionnelle.
Ce genre poétique, qui ne veut pas d’autre affichage que cette sorte de pureté des intentions, a généré des débats, dès le début du XXe siècle, entre les tenants des idées d’un mythique jardin d’Eden, et les partisans des vraies réalités terrestres, ces dernières conduisant par ailleurs à la Guerre 14-18. Le débat n’est pas clos. Pour autant, les formes d’esprit naïves ont le mérite, sur des questions de fond, de proposer autre chose que des idées de conflit.
